RECOMMANDATIONS BRESILIENNES SUITE ET FIN
Après on repasse au hair metal, c'est promis juré.
OSWALDO MONTENEGRO est l’un des représentants les plus flamboyants de la MPB (musica popular brasileira, qu’on différencie ici de la bossa-nova et qui a une audience plus large). Il a comme particularité de composer beaucoup pour des comédies musicales, un genre qui n’est plus très répandu ici et qu’il est l’un des seuls à défendre. Voici un best of de ses splendides mélodies. Álbum 2 e demais
Une sorte d’Andy Williams ou de Sacha Distel local, totalement inconnu en dehors de son pays, mais véritable superstar ici : WILSON SIMONAL. Auteur de deux tubes mondiaux : Pais Tropical et la scie Nem Vem Que não Tem, que vous connaissez mieux dans la version française chantée par Zanini : Tu veux ou tu veux pas ? Eh oui les gars… Sortez les chemises à fleurs vintage et les cocktails capiteux, c’est parti (pour Marc O.)
Album Meus Momentos : Wison Simonal
Je reste un peu dans la sousoupe avec la période années 70 de ANTONIO CARLOS JOBIM. Il a réalisé une série d’albums essentiellement instrumentaux pour les USA, qu’on dirait arrangés pour les lobbys de vos hôtels préférés. Mais c’est d’une telle classe qu’on s’en remange volontiers quelques galettes. D’autant qu’on trouve dans le band quelques tueurs comme Ron Carter ou Claus Ogerman (aux arrangements). A écouter en fumant une Kent, et en sirotant un Ainslies on the rocks. Ça n’effraiera personne, vous l’avez compris. Album Wave
Les fans de funk des années 70 vont surkiffer. BANDA BLACK RIO est la version locale des Headhunters de Herbie Hancock ou bien de Kool and the Gang en version orchestrale. Originalité : trente ans après, le groupe s’est reformé… avec les fils des membres originaux ! (Pour Brice). Album Maria Fumaça
Alors, dans mes listes il y a, je l’espère, des trucs que vous ne connaissez pas. Mais je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit, aussi, de reproposer des trucs que tout le monde a déjà entendu. Ainsi ce premier album d’ASTRUD GILBERTO qui est avec Elis Regina l’une des deux grandes chanteuses classiques de la bossa-nova. Cet album, plutôt jazzy et renforcé d’un grand orchestre, a été en grande partie composé par Jobim et ses complices. C’est juste du miel dans nos oreilles. Je me suis rendu compte, pour l’occasion, qu’elle vit toujours, même si elle a raccroché depuis belle lurette. Album The Astrud Gilberto album
Encore un hitmaker, comme le Brésil en compte tant, dont je n’avais jamais entendu parler. Très culte ici, notamment parce que beaucoup de ses morceaux ont été utilisés dans des séries télé locales. Trente ans de carrière pour JORGE VERCILLO qui œuvre plus dans une veine jazz pop rock extrêmement suave. Irrésistible dès la première écoute. Ceci plaira aussi à Belle-maman, hein. Album Jorge Vercillo Ao vivo
Pour changer : un splendide album de guitare solo signée TOQUINHO qui, sur cet album, sonne un peu comme Joe Pass. Album A bossa do Toquinho
Le compositeur et producteur ARTHUR VEROCAI a commencé sa carrière en faisant des arrangements pour Elis Regina, Jorge Ben, Ivan Lins… Son premier album en 1972, éponyme, qu’il définit lui-même comme « un mélange de samba et de soul », a fait un flop à l’époque de sa sortie alors qu’à l’écouter, vous allez comprendre que c’est un classique instantané. Bref, ça l’a découragé et il a composé des jingles de pub pendant les 30 ans qui ont suivi. C’est la renaissance du vinyl aux USA, au début des années 2000, qui a fait de ce splendide 33 tours un succès, 30 ans après sa sortie. Album Arthur Verocai
L’écoute de l’album qui suit ne va pas bouleverser votre cosmogonie, car c’est du très familier dès l’entame de ce bel album. ELIANE ELIAS est une chanteuse et pianiste brésilienne qui ne réinvente pas vraiment la roue (ni la bossa nova), mais qui fait tellement bien le job qu’on en redemande (elle a joué dans Steps Ahead si ça vous dit quelque chose). Allez, c’est la Diana Krall latina, ça vous va comme ça ? Album quietude
MARCIO FARACO est l’une des belles voix de la MPB. Sa spécificité est qu’il vit à Paris depuis trente ans, sans pour autant avoir renoncé à chanter en portugais. Il s’est exilé car c’était visiblement « difficile de se faire entendre » au Brésil (il faut dire qu’il y a de la concurrence grave, ici). Son premier album publié en France est un délice de douceur et de finesse. Album Ciranda
ELIS REGINA est sans doute l’une des plus belles et tristes histoires de la musique brésilienne. Elle a fait une dizaine d’albums, tous sublimes, et est morte à 36 ans seulement, d’une overdose de plein de trucs. Imaginez Miles Davis qui claque après dix albums seulement… Et plutôt que de vous asséner le célébrissime Elis & Tom enregistré avec Antonio Carlos Jobim, je préfère vous proposer un disque plus tardif avec des sonorités 70 (le piano électrique, notamment, se marie parfaitement avec la bossa nova, et il y a quelques orchestrations extrêmement classieuses). Album Essa Mulher
J’ajoute, pour mes compatriotes et pour les fans de jazz, l’excellent disque réalisé en duo avec notre TT national (non, c’est pas moi, hein, c’est Toots !) Album Aquarela do Brasil
Destinée particulière que celle de CARTOLA qui, n’ayant pas trouvé le succès dans la musique, a été maçon une bonne partie de sa vie. Découvert sur le tard (il a enregistré son premier disque à 65 ans), il a gravé quelques disques très importants pour la samba et est considéré comme l’un des inspirateurs de la bossa-nova. Ses chansons n’ont l’air de rien, très simples (parfois à peine davantage que guitare-voix) et pourtant ce sont des petites merveilles de composition. Son surnom, Cartola, désigne le petit chapeau en carton qu’il portait sur les chantiers pour éviter que le ciment ne lui durcisse les cheveux. Parfait comme histoire, non ? Album Cartola (1976)
CASSIANO est une sorte de Bill Withers / Marvin Gaye brésilien. Ses morceaux dégoulinent de soul et il a été parmi les premiers à importer la soul et le funk américains dans son beau pays. Album CuBan Soul
En 2007, le magazine Rolling Stone a dressé une liste des 100 meilleurs disques brésiliens. Le second album du groupe NOVOS BAIANOS est arrivé en première position. Aujourd’hui encore, il est considéré comme un des meilleurs exemples de mix entre la musique brésilienne traditionnelle et le rock. Album Acabou chorare (1972)
CHICO SCIENCE fait l’objet d’un véritable culte dans le Nordeste. En deux albums, il a créé à lui tout seul un style musical, le manguebeat. Et il est décédé dans un accident de voiture juste après, fin des années 90… Il a été l’un des premiers à associer des rythmes maracatu traditionnels au funk, au rock hardcore… Très original ! Album Afrociberdelia
Quasi à égalité avec Milton Nascimento dans l’excellence des compositions, IVAN LINS est de la même génération. De celle qui ont su assimiler les grands mouvements brésiliens en les mâtinant de pop, de jazz… C’est l’un des grands artistes qui s’exporte le mieux, notamment aux USA où il a été repris par une flopée de stars. Album Somos todos iguais nesta noite
Concernant ce même Ivan Lins, l’élégant Jacques F. vous recommande l’écoute de ce titre, beau comme une lune pleine et rose au-dessus des plages cariocas, en duo avec la chanteuse Simone : Começar de Novo. C’est juste à tomber par terre de beauté, je vous préviens… (pour Pierre B.). Assez étonnant : Ivan Lins a une voix assez haut perchée et Simone plutôt une voix grave, pas toujours évident de savoir qui chante, faites l’essai en fermant les yeux…
Un chapitre « honorer ses racines » pour terminer : CRIOLO est très connu ici comme rappeur. Sauf qu’il a tenu à réaliser UN album qui rend hommage à la samba (je rappelle qu’ici on dit LE samba) qui est le style qui met tout le monde d’accord (ce n’est PAS la bossa-nova, même si c’est l’un des seuls styles que nous Européens connaissons). Moi qui ai eu un peu de mal à accrocher au samba, ici les compositions sont vraiment épatantes je trouve. Album Espiral de Ilusao
J'adore et j'adhère à ta prose aussi !
Merci Thierry,