RECOMMANDATIONS MUSICALES DE JANVIER
Comme la plupart d’entre vous le savent, je suis au Brésil et donc ça va bossa-nover ferme. Mais auparavant, je vais vous imposer mes dernières découvertes...
Je fais partie des gens qui trouvent que Ludovic Navarre / Saint Germain a fait beaucoup pour rendre accessible le jazz à celles et ceux qui jusque-là n’en écoutaient pas. On peut dire que c’est trop pop, trop commercial, trop electro, trop lounge, trop facile. Mais oui, les amis. Fuck it. C’est joyeux, ça pulse et on peut danser dessus (je rappelle que c’était quand même l’idée première du jazz). Voici un album que j’avais zappé, celui de SOEL (qui est le trompettiste de Saint Germain), produit par ce dernier. Un mélange de funk, cool jazz, dub, spoken word et de thèmes semblant provenir en direct des films de blaxploitation des années 70. Merci à Théo qui m’a fait découvrir cela. Album Memento https://album.link/be/i/46546426
En totale contradiction avec ce que le nom du groupe laisse supposer, TELEFON TEL AVIV est un duo de musique électronique originaire de… La Nouvelle Orléans, haha. Ils appartiennent à une mouvance dont j’apprends le nom : l’intelligent dance music. En tout cas, grâce à moi (et aussi à eux) vous serez dorénavant moins idiots que lors du paragraphe précédent (il était temps !). Album Fahrenheit Fair Enough https://album.link/be/i/1163911790
Cette playlist JAZZTRONICA sur Spotify est une véritable tuerie :
Jazztronica en plein : je ne sais pas si j’avais déjà écouté le premier album de SQUAREPUSHER. Il paraît que c’est un album phare du sous-genre drill’n’bass. Huh ? Comme a dit un critique lors de sa sortie, « c’est l’album que Miles Davis aurait pu faire s’il avait vécu à l’époque des breakbeats, de Ninja Tune et d’Aphex Twin ». Et c’est clairement un album (génial) qui plaira tant aux amateurs d’électro que de jazz fusion. Et quel bassiste, les gars ! Album Feed me weird Thing https://album.link/be/i/1561220824
Si vous aimez le piano jazz, vous allez surkiffer GWILYM SIMCOCK, la coqueluche du jazz anglais depuis quelques années. Sur son album solo de 2019, il rend hommage aux pianistes qui l’ont inspiré (dont Brad Mehldau). C’est lyrique, ambitieux, chantant et mélodieux. Album Near and now https://album.link/be/i/1456410812
Si le mot « nectar » résonne à vos oreilles affamées, je vous recommande le groupe britannique de soul-funk MAMAS GUN. Un peu d’Incognito, une pincée de Marvin Gaye et quelques ambiances à la Bill Withers. C’est une recommandation motownienne de Brice que je loue pour son éternel bon goût. Album Cure The Jones https://album.link/be/i/1596966434
Le truc inclassable du mois : le trio taiwanais (guitare, basse, batterie) ELEPHANT GYM pratique une musique instrumentale qui va du rock intello (les critiques disent math-rock) à la musique traditionnelle en passant par le jazz et la pop. Impossible à classifier mais fort agréable à écouter pour qui a encore un peu de curiosité auditive (vous tous, non ?) Album Dreams https://album.link/be/i/1619402325
MARK LETTIERI est l’un des 2000 guitaristes de Snarky Puppy mais sans doute le plus spectaculaire. Il a, comme tous les membres de ce collectif explosif, commis ses propres albums. Il produit un jazz-funk tout à fait joyeux et entraînant dont, personnellement, je peux me gaver des heures durant tant cela me met de bonne humeur. Album Deep : the baritone sessions vol 2 https://album.link/be/i/1550233894
Snarky Puppy encore : BILL LAURANCE en est le pianiste habituel (et co-fondateur) de A mille lieues du jazz-fusion-pop exubérant en grande formation, le voici dans un exercice de haute voltige : un album en piano solo. Si vous connaissez le travail de Ryuichi Sakamoto en solo, ça devrait vous parler. C’est limpide, fragile et mélodieux à la fois. Album Affinity https://album.link/br/i/1635383714
J’ai déjà parlé de ce groupe, YOUNG GUN SILVER FOX, l’association de deux requins de studio anglais (!!) qui ont décidé de recréer des ambiances FM sunny california à la Steely Dan/Doobie Brothers. Bref, du softrock totalement régressif. Et c’est parfait de mimétisme : accords, voix, sonorités compressées… On s’y méprendrait (et on aurait même le droit d’adorer cela). Album Ticket to Shangri-La. https://album.link/be/i/1635389862
Outre un nom de groupe qui claque, DRUGDEALER a la particularité de pratiquer une pop désuète qu’on croirait tirée d’un jukebox des années 60, 70 ou 80, selon les morceaux. Un peu dans le même genre que le précédent. Je vous propose de plonger dans leur pop ensoleillée. Album Hiding in plain sight https://album.link/br/i/1625722849
RONNIE FOSTER est un organiste de jazz américain qui a commis sorti quelques albums solo dans les années 70. Chacun sait que c’est ma décennie préférée (compos, sonorités) et donc vous ne vous étonnerez pas de mon enthousiasme à vous refiler ces pépites funky (chiche que vous vous passez le deuxième morceau « On the Avenue » en boucle ?) passe en boucle ici. Il y a une reprise de Stevie Wonder. Et, surtout, la preuve que le jazz fait parfois un excellent ménage avec des sonorités plus pop et funky. Go for it, people ! Album On the Avenue https://album.link/br/i/1443873812
Je discute souvent avec des amis non-jazzophiles qui me disent avoir des difficultés à rentrer dans cette musique car ils n’en saisissent pas facilement la systématique « exposé du thème + variations + reprise du thème à la fin ». Et c’est vrai que les mélodies ne sont pas toujours ultra-chantables pour quelqu’un qui n’est pas habitué à ce langage. Raison de plus pour se jeter sur le dernier-né du BRUSSELS JAZZ ORCHESTRA pour qui j’ai le plaisir de travailler (je suis leur traducteur depuis une dizaine d’années). Il est consacré au répertoire de Gainsbourg, avec des arrangements ultra-flamboyants et la voix de Camille Bertault. Une occasion en or pour ceux qui ont du mal avec le jazz de s’en payer une cuvée d’exception et d’entendre des classiques comme Couleur Café ou Je suis venu te dire que je m’en vais avec des accords inédits, charmants et surprenants. Album Gainsbourg https://album.link/br/i/1650024172
J’ouvre à présent un chapitre consacré à une musique que j’écoute souvent en travaillant : ce qu’on appelle la techno minimale. C’est de l’électro très douce, très répétitive, à mi-chemin entre la musique contemporaine (on est parfois proche de Steve Reich) et l’électro. Contemplatif ou dansant, souvent les deux à la fois, ce sont des mélopées lancinantes et répétitives, souvent enveloppantes et pleines de grosses basses chaudes. Je ne vais pas vous décrire album par album, cela me serait difficile, car c’est souvent un peu la même atmosphère. Je dirais comme de l’ambient mais en moins chiant. Mais jetez-y une oreille, vous verrez c’est très addictif.
THOMAS FEHLMANN album Gute Luft https://album.link/br/i/361264433
NIKOSF. (« music that is a balm for our spirit ») album Collecting the moments https://album.link/br/i/915222290
DUBLICATOR album Spectrum https://album.link/br/i/617573907
ou alors leur EP Compact Impulse https://album.link/br/i/605815625
ANTON ZAP album Water https://album.link/br/i/1116943765
En bon fan de jazz rock, j’avoue une passion dévorante pour SIXUN, le principal groupe de fusion français qui existe sporadiquement depuis les années 80. Pour faire simple, disons que ça pourrait se situer entre Weather Report pour les références aux rythmes world et Uzeb pour le groove. Sixun est composé de stars du jazz français comme Jean-Pierre Como, Paco Sery ou Louis Winsberg. Après une quinzaine d’années sans rien sortir, ils viennent de livrer un nouvel album totalement spectaculaire et dans le droit fil de ce que j’aime chez eux : impros généreuses, musique ambitieuse et pop à la fois et un fil rouge qui traverse toute leur carrière : le mot p*l*a*i*s*i*r. Vous écouterez leur discographie après si la nouveauté vous encnante, ce que j’espère de tout coeur. Album Unixsity https://album.link/br/i/1644096387
Pour parcourir toute leur discographie, un excellent live (sur lequel on m’entend nettement applaudir car j’y étais) : Live at La Cigale https://album.link/br/i/1654593332
JOHN TEJADA est un musicien d’origine autrichienne mais qui a grandi en Californie. Il pratique une musique electro sans véritable chapelle (un peu de techno, un peu de house, beaucoup d’electronica), susceptible de plaire au plus grand nombre pour sa haute tenue mélodique, la classe de ses arrangements et la finesse du tout. Album Parabolas https://album.link/br/i/442541124
Sinon, un autre excellent album dans lequel il remixe des trucs parus sur son label. Le genre d’electro que j’adore. Mieux que le précédent, mais ce ne sont pas ses compos. Album Connecting the dots https://album.link/br/i/1637851568
Une petite perle pour finir : JAN JELINEK est un producteur allemand de musique électronique. Il a composé un album entier en partant de boucles qu’il est allé pêcher dans des disques de jazz. Ça donne une musique électronique soyeuse, apaisante et mystérieuse mais extrêmement mélodique et rythmée. Comme de l’ambient mais en pas chiant, si vous voyez un peu. On notera que les extraits jazz sont tellement trafiqués qu’il est devenu impossible de les discerner dans la pâte sonore. Album Loop-Finding-Jazz-Records (dont le titre explique assez bien le contenu). https://album.link/br/i/431640579
Allez, la prochaine fois c’est que du brésilien, c ‘est promis. Je bois une caipirinha à votre santé (il fait 30 degrés, je souffre un peuuuuuuuu). Comment ça, vous me détestez ?
Merci pour toutes vos recommandations. Plusieurs albums très intéressants. Dès du Brésil.
Soit le bon goût musical est universel, soit nous avons passé trop de temps à écouter la même musique lors de nos city trips dans ma Jaguar, car de cette newsletter j'avais deja dans mon Mac ces albums de : Soel, Telefin Tel Aviv, Squarepusher, Mamas Gun, Lettieri, Laurance, Young Gun Silver Fox, Ronny Foster, Brussels Jazz orchestra et Sixun. Manifestement j'ai un trou de culture sur l'electronica. Donc merci pour la découverte et molo sur la caipirinha !