RECOMMANDATIONS MUSICALES POUR BIEN COMMENCER L’ANNÉE
Ça faisait longtemps que je n’avais rien envoyé. Un peu de mal, ces derniers mois, à écouter de nouvelles choses #SyndromeDuVieuxCon. Voici néanmoins de quoi alimenter votre frénésie de nouveautés.
Lorsque l’impeccable paire rythmique CHARLIER/SOURISSE (batterie et orgue Hammond) rencontre le tout aussi impeccable LOUIS WINSBERG (guitariste, notamment, de Sixun), ça donne le meilleur du jazz français qui, contrairement à la chanson du même nom, regorge de pépites. Le groupe s’appelle LE MONDE À L’ENVERS et ils ont fait un truc super épatant : ils ont enregistré les mêmes thèmes en acoustique ET en électrique. Voici donc deux disques à déguster en parallèle : Electrique et Acoustique
ELSA DE LACERDA (violon) et PIERRE SOLOT (piano s… oui bon d’accord j’arrête) ont sorti un album classique passionnant en duo. Ils ont commandé à une dizaine de compositeurs contemporains une réécriture inspirée de chants iconiques, « de lutte et de résistance ». On y croise des effluves de Bella Ciao, l’Internationale, Strange Fruits et des tas d’autres mélodies que je ne connaissais pas. J’ai même reconnu une citation assez inattendue d’un tube des… Scorpions (!!!!) Bon, je ne vous dis pas dans quel morceau, comme ça vous écouterez tout le disque. Album CHANGE
Fantastique : le label français Tricatel qui « découvre » l’excellent vibraphoniste et chanteur brasilo-verviétois GUY CABAY (toujours en pleine forme) et lui redonne une audience internationale. En voici l’histoire géniale en vidéo.
Si vous aimez Tame Impala, The Ghost of a Saber Tooth Tiger (Sean Lennon) et le rock psychédélique de manière générale, vous devriez allègrement sautiller en écoutant DUNGEN, un band suédois qui a déjà une demi-douzaine d’albums à son actif. Des atmosphères ouatées et des sons tordus comme on les aime. A part que c’est chanté en suédois, c’est vraiment excellent. Album En Är För Mycket och Tusen Aldrig Nog (Ah c’est malin, j’en ai de nouveau mis partout, quelqu’un a un mouchoir ?)
Un peu dans la même veine mais un peu plus pop, CALEB LANDRY JONES est un acteur qui fait aussi de la musique. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne fait pas que de la figuration. Ses chansons sont vraiment immédiatement accrocheuses, avec parfois un petit côté déglingué. Il y a des fois où ça frise la fanfare de kermesse, mais laissez-vous aller, vous verrez le voyage en vaut la peine. Album Gadzooks vol 2
J’avoue être passé à côté de LOUIS PHILIPPE, un Français basé à Londres. Il a deux jobs : journaliste sportif et musicien. C’est un mélange de Brian Wilson, Elvis Costello, Paul McCartney, Burt Bacharach, Sondre Lerche (aaaah, celui-là il mérite que vous le checkiez si vous ne le connaissez pas) et Polnareff. Mais bon, surtout Brian Wilson, hein. Son sens de la mélodie et de la chanson pop est totalement hallucinant. Albums Sunshine et Delta Kiss
Une splendide reco d’Erwin : le pianiste belgo-chinois ALEX KOO fait le buzz chez les amateurs de musique. Sa bio le présente mieux que moi : “ Belgium is too small for him ! As a child he seemed destined for a career as a classical pianist. As a teenager however, he fell in love with jazz. In his newest album Etudes for Piano (W.E.R.F. records), commissioned by Bozar (Brussels), he merges his fondness for both worlds. Boldness and virtuosity go hand in hand with melancholy and… the surprising use of his elbows. His music is a marriage between the worlds of Debussy, Chopin, Reich, Rachmaninov on the one hand and the contemporary sounds of Keith Jarrett, Craig Taborn, Brian Eno and Philip Glass on the other. A mesmerizing storyteller on the piano. » Album Etudes for Piano
Le tromboniste, arrangeur et compositeur BOB BROOKMEYER fait partie de mes arrangeurs préférés pour les grandes formations de jazz (de même que Gil Evans, Laurent Cugny, Bert Joris ou Maria Schneider). Ici, c’est davantage de classique qu’il s’agit puisque ses compositions sont jouées par le METROPOLE ORKEST, un orchestre tout-terrain hollandais fondé en 1945 et qui pète toujours le feu. Aussi à l’aise derrière un chanteur pop, un groupe électro qu’en compagnie des stars du jazz, leur discographie va en effet de Snarky Puppy à Al Jarreau, en passant par Ivan Lins, Jacob Collier, Brian Eno, Basement Jaxx ou Robbie Williams. On est ici dans un style hybride qui n’aurait pas fait tache dans la discographie de Duke Ellington, qui s’y connaissait en mélange de genres. Ecoutez les morceaux 2 et 3, c’est juste splendide, ambitieux, aventureux et lyrique. Album Music for String Quartet and Orchestra
LOVING est un groupe originaire de Colombie Britannique qui pratique une sorte de folk/pop un peu déglinguée. Parfois ça sonne comme Lemon Twigs, parfois c’est un peu désaccordé comme chez Connan Mockasin (je tente toujours de donner des références car c’est plus facile à situer, j’espère juste ne pas trop me planter quand je me livre à ce genre d’exercice…) Album Loving
Il paraît que c’est ringard d’aimer l’orgue. Mais quand c’est du Hammond B3 jazzy, alors tout de suite ça va mieux, pas vrai ? Et s’il est vintage, alors c’est souvent l’extase. BRIAN AUGER était l’une des stars de l’instrument dans les années 60. Il a commencé avec la chanteuse Julie Driscoll. le voici ici avec un disque de reprises (Sly Stewart, Fauré, Herbie Hancock…). Ça groove à mort et il a beaucoup publié de disques, je vous préviens. Album Befour
Et si vous ne connaissez pas, l’un des principaux disques de rock progressif à l’entame des années 70 est celui de Julie Driscoll, Brian Auger & Trinity. Indispensable. Album Let the Sunshine In
Orgue encore, mais sur un versant plus jazz électrique : RONNIE FOSTER est un vieux briscard qui a joué avec des guitaristes funky comme George Benson ou Grant Green. Il a beaucoup été samplé par l’acid jazz et les rappeurs. Le voici en solo avec son dernier album, de toute haute tenue, qui amènera de la joie dans vos vies qui, pourtant, n’en manquent déjà pas, je le sais fort bien. Album Reboot
Même genre que le précédent : DELVON LAMARR ORGAN TRIO, du soul-jazz qui fait penser à SOULIVE dans le même genre de formation (orgue, guitare, batterie). Un commentaire trouvé en ligne : « Les grooves implacables et enivrants du Delvon Lamarr Organ Trio sont tout ce qu'on peut espérer d'un trio avec orgue – une pincée de soul-jazz fin années 1960 (cf le graphisme de la pochette), quelques éléments plus modernes de funk, et un style captivant, magnétique, qui ne vous quitte plus. » Ça donne envie, non ? Album I told you so
Souvent, je mets dans ma liste « encore à écouter » des tas de trucs dont je ne me souviens plus, quand je les écoute des mois après, pourquoi je les ai sauvés. Ainsi, ce RAYLAND BAXTER venu de nulle part. Au fil d’une écoute d’abord distraite, tu te dis « hé mais c’est vraiment bien ce que je suis en train de ne pas réellement écouter ». Il pratique une sorte d’americana folkisante. Les compositions sont extrêmement variées, il n’a pas UN style. Ça m’a parfois un peu rappelé la pop des années 80 ou même Randy Newman (morceau Tadpole). La classe absolue. Album If I were a butterfly
Je ne vous ferai pas l’injure de vous présenter DR JOHN. Il a tiré sa référence et son dernier album est sorti juste après. Il est sans doute plus doux et tendre que les grandes heures seventies de ce sorcier du blues. Mais j’en ai beaucoup aimé l’ambiance apaisée (parfois country, parfois limite JJ Cale) sans oublier l’orgue du maestro. Dr John m’a toujours beaucoup touché : tout comme Leon Russell, il a construit une œuvre singulière, un mélange de blues, de boogie woogie et de musique cajun, avec une voix rauque immédiatement identifiable. Album things happen that way
Et vraiment pour ceux qui n’ont jamais entendu, essayez Gumbo, un de ses premiers albums, qui s’ouvre… sur son plus grand hit, Iko Iko (même s’il n’en est pas l’auteur originel) ! Album Gumbo
Très rafraîchissant à écouter : ADRIAN QUESADA est un guitariste américain qui a consacré un album entier à des instrumentaux évoquant des « psychedelic soul sounds and hip-hop beats inspired by 1970s Italian film scores ». Album Jaguar sound
Le guitariste PAT METHENY a une palette extrêmement large, allant du groupe pop aux instrumentations bruitistes à la Ornette Coleman, en passant par de purs moments de beauté et de sérénité. Son dernier album est composé de bouts et essais retrouvés sur son ordinateur. Il s’auto-accompagne (guitare électrique, guitare baryton) et c’est juste splendide et tellement apaisé/apaisant. Il y a même un morceau qui s’appelle PC of Belgium (qui ne m’est donc pas dédié, si je saisis bien l’affront). Il détaille la découverte : « Lors d'une tournée l'année dernière (2022), j'ai découvert un dossier oublié sur mon disque dur. Je réalise souvent des enregistrements rapides : un nouvel air, un standard, ou simplement pour essayer quelque chose. J’ai un dossier dans lequel je range ces choses, à vrai dire, généralement pour ne jamais les réécouter. Je n'ai jamais joué ces morceaux plus d'une fois. En fait, je n'ai presque aucun souvenir d'avoir enregistré la plupart d'entre eux. Ils sont apparus comme ça, tout simplement. » Album Dream Box
Dans la genre précoce, DOMI & JD BECK ont fait fort. Ces deux nouveaux phénomènes du jazz-funk ont quasi commencé à jouer (respectivement des claviers et de la batterie) dans le ventre de leurs mères respectives. A peine en primaires, ils ont déjà joué avec Bruno Mars, Herbie Hancock, Anderson.Paak et des tas d’autres. Leur premier album, chaudement recommandé par Brice (« tu l’as reçu de moi en premier ») ravira les amateurs de funk et de trucs intelligents, bien écrits et bien joués. Album Not Tight
Je suis un gros fan de THE HIVES, les rois du rock garage suédois. Je les trouve sans égal lorsqu’il s’agit de hargne, d’énergie et de bonne humeur wokenwol. Comme 5 Iggy Pop dans le même groupe. Shake your bag of bones, kids, ça remue sec ! Et si vous avez l’occasion de les voir en live, foncez, ils sont excellents. Album The death of Randy Fitzsimmons
Si vous aimez Steely Dan et autres Doobie Brothers, vous devriez être séduits par STATE COWS, un groupe de « yacht rock » qui s’inspire sans rougir des grands anciens groupes cités. Ce sont des suédois. Cette dernière info n’est pas vraiment cruciale pour apprécier ce qu’ils font. Groupe trouvé grâce aux algorithmes de Spotify, en écoutant paresseusement Steely Dan. Et en me disant soudain « hé mais je ne connais pas cette chanson, c’est sur quel disque ? » Comme quoi… Album Challenges
L’un de mes albums préférés de Level 42 était… le seul album solo du claviériste MIKE LINDUP. 30 ans après, il vient de lui donner un successeur. Ça ne bouleversera rien de ce que vous connaissez, aimez ou détestez, mais si vous êtes fan de pop ronde, efficace et bien fichue, alors cet album est pour vous. Album Changes 2
Imaginez que vous tombiez sur 57 albums complets inédits des Beach Boys. C’est, peu ou prou, l’impression que vous laissera cette énorme compilation consacrée à la sunshine pop, mais du côté britannique. Quelques années (1967-1972) qui regorgent de mélodies efficaces et sucrées. On n’est pas ici dans la révolte mais dans le plaisir. J’adhère j’adore. Album What a groovy day : the british sunshine pop sound 1967-1972
J’ai, dans mes playlists Spotify, une liste qui s’appelle EUH ? et qui rassemble les trucs dont je ne sais trop quoi faire ni comment les classer, sauf que j’ai envie de les conserver. TIGER TIGRE s’inscrit parfaitement dans ce flou. De la pop foutraque instrumentale et inclassable. Comme je l’ai lu sur internet : « French touch peut-être, mais de celle qui se touche le beat. En résulte un album à tiroirs, faussement schizo, fougueux et plein d'ironie, une bande son luxuriante, arrangée aux petits oignons et truffée de percussions, synthés et pianos électriques. » Album Grrr?
Voilà, c’est tout pour cette fois. Bonne écoute !